Châteauneuf-du-Pape : Château Rayas 1978

Le nez est encore quelque peu réduit lorsque j’hume le premier verre, mon ami m'indiquant qu'à l'ouverture la bouteille lui semblait même presque imbuvable. Je lui demande alors en urgence de la carafer pour les verres suivants. Le nez laisse toutefois vite apparaître des arômes sudistes d'herbes aromatiques (thym), de tabac, de bois exotique, de feuilles mortes. C'est seulement un demi-verre précieusement conservé pendant une demi-heure qui permettra à ce nez de devenir immense sur la menthe, la marmelade d'abricot, l'orange sanguine. La bouche est d'une densité encore incroyable de jeunesse, elle est même puissante et digne d'un vin de quinze ans d'âge. Sa fougue est largement modérée par une suavité et un équilibre magistral, un volume immense dont les saveurs laissent leur empreinte. Les épices douces du milieu de bouche demeurent jusque dans la finale de longueur superlative, rarement perçue à ce niveau dans mon expérience, avec une sensation globale de sapidité, de digestibilité et de fraîcheur. Fond de verre superbe sur l'orange sanguine et les épices orientales.
Grand et à la hauteur du mythe. Inoubliable.